Chronique d’un voyage kamikaze (4)

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Dans les #Mapanes, il se raconte  un tas d’histoire sur le phénomène Boko haram dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun. Nous avons pensé aller vivre ça en direct. Enquêter sur le phénomène. Sauf que l’aventure s’est déroulée autrement. Bienvenu dans le #Toli du mapaneur.

Un tas de phénomènes s’est succédé hier. Vente de mon téléphone portable pour manger. La connexion internet boiteuse des cybercafés du coin. Les amis qui me taxent « d’homme aimant le risque » et un bienfaiteur qui vole à mon secours (Lire le billet ici). Comment ne pas croire, une fois encore, à l’existence de Dieu. D’ailleurs, mes voisines me bassinaient les oreilles tout le temps avec cette phrase : « Tout ce que Dieu fait est bon ». Où elles avaient pris ça chez quel homme des églises de réveil oh ? Ohoooo. I don’t know. Heuch, j’ai enfin dit un mot en anglais. Pourvu que ça dure, me diriez-vous. Je ferai l’effort.

Après la succession de tous ces faits, comme je vous le disais dans le billet précédent, je dois automatiquement trouver un billet de transport. Plus besoin de dormir à la belle étoile ce jour. Même s’il y a beaucoup de « lianes » qui partent de la zone universitaire de Ngaoundéré pour se retrouver au centre ville. Je fonce donc à la gare ferroviaire. Il est 15h20. Nous sommes le jeudi 21 août 2014. A l’entrée, un vigile baraqué (le genre que tu ne peux même pas lui faire le « sisia ») oriente les clients dans la salle des guichets : « Hommes en tenue et handicapés, de ce côté. Ils paient le demi-tarif. Le reste, de l’autre côté pour compléter le rang », crie-t-il à chaque fois. Mon frère, c’est la guerre ? Doucement non, on a compris. Homme en tenue, je ne le suis pas. Mais handicapé (financier), oui. Du moins pour ce jour. Je fonce dans le deuxième rang en esquissant quelques pas du feu « Kotto Bass ». Avant d’y arriver, son regard furieux (on dirait les combattants dans Sangoukou) m’a fait faire demi-tour et m’aligner à la queue du premier rang. Le faux courage ne paie pas partout, hein ! Et même, je viens de me rendre compte qu’on exige un document justificatif de ton handicap signé d’un responsable du ministère des Affaires sociales ou d’homme en tenue. Donc, je devais être out !

J’attends mon tour. Et hop, me voici devant la jeune guichetière. Qu’on ne vous mente pas, les filles nordistes sont belles avec leur couleur d’ébène. Quand elles arborent un bel ensemble pagne assorti des parures, c’est la totale. Je lui lance un doux sourire. Et voici sa réponse : « Il n’y a plus que des places debout dans le train. C’est toujours 10.000 Fcfa ! » Même pas un bonsoir ma soeur ? Pourquoi cette froideur ? Et même, je pensais qu’avec les nouveaux wagons sur la ligne, ces « places debout » devaient disparaître. Surtout qu’on a lancé une campagne de sensibilisation sur le civisme dans le train. Dans ce tract distribué, Camrail exhorte les passagers de ne pas obstruer le couloir (passage) en se couchant au sol dans les wagons. Où se tiendra cette panoplie de personnes avec les « billets debout » ? « Ahahah, ils se tiendront debout durant les 14h de voyage jusqu’à ce qu’ils atteignent Yaoundé », lance ouvertement un client. Il a raison d’être un peu moqueur puisqu’il s’arrête à Ngaoundal. Et c’est sans oublier qu’à chaque gare sur le tronçon Ngaoundéré-Yaoundé (vis-versa), il y a des ramassages. De quelle sensibilisation parle-t-on au final ? Les passagers dorment à même le sol comme du bétail entassé dans un enclot. Certains s’allongent même sur les autres comme deux amoureux dans leur lit du crime. Pour se rendre à la douche, il faut sauter sur eux comme dans un jeu de saut mouton. Même les contrôleurs n’échappent pas à ça. En plus, ils sont muets à ce sujet comme des carpes. Obligé de faire comme eux.

Le sourire narquois

Il est un peu plus de 22h30 min. Le train a quitté la gare avec un retard de plus d’une heure et trente minutes. Aucune n’excuse encore moins d’explications. On a peur de vous ? De toutes les façons, notre « Tchouk-Tchouk » a foncé dans une pénombre effrayante en direction de Yaoundé. Soudainement, j’entends : « Frank William, tu ne pouvais pas dire qui tu es au guichet pour qu’on te trouve une place assise ? » Non, probablement un rêve. Surtout que je somnolais déjà debout. Que non ! La question est réitérée. C’est un jeune-homme gaillardement assis qui pose sa question. Vrai, vrai, on ne peut plus se cacher tranquillement dans les #Mapanes de ce pays. Celui-ci sort encore d’où avant de connaître mon prénom au complet ?

Je ne porte aucun de ses tee-shirts sur lesquels est gravé mon nom. Pour ne pas perdre la face, je lui réponds : « Mon frère, n’est pas que je suis citoyen camerounais comme tout le monde ici. Je me tiens debout si la situation me l’impose ». Le gars insiste : « Non, tu devais le leur dire qui tu es. On te connait ici. Tu mérites une place assise ». C’est vrai que Dieu n’oublie pas ses enfants sur la terre puisqu’il n’oublie pas les oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent. Alors, « cède-moi ta place comme tu me connais. Ainsi, tu ne te soucieras plus de moi ». Il me lance un sourire narquois et dépose tête sur la table devant lui. On dirait que je venais de clouer le bec à un « con ». Mais ça n’a pas empêché que je subisse cette douleur de rester debout. Car, personne n’a eu pitié de mes pauvres jambes hein. Il a fallu atteindre la dernière gare avant Yaoundé pour atténuer cette douleur. J’allais vraiment faire quoi là-bas. Et comme le conducteur roulait bien, on est arrivé à destination à 9h du lendemain. Avant d’emprunter ce wagon et durant le voyage, en aller comme au retour, des cas de cas d’arnaque à l’étiquetage des bagages, corruption, incivisme et bien d’autres ont été enregistrés. C’est d’ailleurs l’objet notre #Toli de demain. En attendant… bonne journée !

Frank William BATCHOU

Entre Ngaoundéré et Yaoundé

Chronique d’un voyage kamikaze (5) ici

30 commentaires sur « Chronique d’un voyage kamikaze (4) »

  1. @Frankywilly Sur le chemin du retour avec la symphonie ferrée de Bolloré et ts les scenarii qui vont avec! Une expérience mn grd

  2. « A l’entrée, un vigile baraqué (le genre que tu ne peux même pas lui faire le « sisia ») oriente les clients dans la salle des guichets : « Hommes en tenue et handicapés, de ce côté. Ils paient le demi-tarif. Le reste, de l’autre côté pour compléter le rang », crie-t-il à chaque fois. Mon frère, c’est la guerre ? Doucement non, on a compris. » !!!!!!!!!!! Encooooooore !

  3. Très beau reportage Frank William Batchou. Voilà ce qu’on vient faire sur Facebook, échanger, avec les autres et partager les expériences.

  4. Merci James Hardy. il le faut pour amener certains à un changement. Si on parle de rénovation, il faut qu’on pense également à améliorer la qualité de transport. C’était triste de voir ça, même les femmes enceintes, hey papa God

  5. Personne ne les oblige à voyager dans de telles conditions. Dans l’avion même quand on surbooke, les passagers restent assis. Inutile de s’alarmer…..

  6. Ne devrait-il pas être mieux d’arrêter de vendre les billets quand les places assises sont finies ? Je pense que c’est ce qui se fait avec les avions donc tu fais mention parce que c’est ce que j’ai reçu une fois comme réponse Sika Madeleine Ondoa-Essono

  7. hahaha c’est ça « avoir un train d’avance »!! tout est pitoyable dans ce pays…………..on va dire quoi? tant que l’argent circule!!!

  8. Amener les dirigeants de cette société à prendre conscience de ce qui se passe dans ce train d’avance Marie Florence. Et c’est ou devrait intervenir La ligue des consommateur du cameroun

  9. nous tenons compte de nos réalités en ce qui concerne le transport par train. Au départ des gares principales il ne se pose aucun problème, c’est dans les gares intermédiaires qu’il faut visser mais qui va pouvoir le faire, certains voyageurs aussi ne trouvent aucun inconvénient à voyager dans te telles conditions.

  10. Pourtant, le problème relevé est bel et bien au départ des gares principales. A Yaoundé comme à Ngaoundéré, les tickets sans place sont vendus aux passagers et parfois à des prix plus élevés.

  11. Mince
    Si J’avais lu avant j’aurais pas pris de ticket.
    Il est 15h47.
    Nous sommes en cours d’embarquement.
    Le départ était prévu à 14h45.

  12. Grand frère Constant R. Sabang, le tronçon Yaoundé – Douala n’a pas encore ce problème là. Le calvaire se vit encore sur celui de Yaoundé – Ngaoundéré

  13. J’ai lu ce beau reportage et je te féclicite pour cette initiative. Au delà de la guerre t’orais pu dire

  14. Dire au-delà de la guerre devrait être très oser selon moi. Certes il y a des morts suite aux attaques dans la partie septentrionale mais dire guerre, hum. si la vraie guerre déclenche ici, on aura même le temps de bavarder comme on le fait là ?

  15. c ca notre bled frere n’oublie pas que c o6 cela qi fe ntre histoir ls moyen de trnspor snt mem 1 ktastrof dnc rien n’eton.g 2ja dormi 3 jour ds 1e agence 2 la place prenon plesir d’y vivre

  16. great submit, very informative. I wonder why the opposite experts of this sector do not notice this. You should proceed your writing. I’m sure, you’ve a great readers’ base already!

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