Le Country Projet Manager de Defyhatenow revient en détail sur les des deux rencontres organisées par sa structure respectivement à Yaoundé (les 9 et 10 février 2021) et à Douala (les 16 et 17 février 2021). Il évoque les actions à mener sur le terrain pour venir en aide aux déplacés internes de la crise du Noso et aux jeunes en difficultés dans les quartiers du pays. Il évoque aussi l’impact de leur combat contre les discours de haine, les fake news et la désinformation en ligne depuis près de deux ans.
Vous venez de mener 2 formations successives à Yaoundé (les 9 et 10 février 2021) et à Douala (les 16 et 17 février 2021) avec l’apport de 2 experts (Thomas Kalunge et Kendi Gikunda) venus respectivement de l’Allemagne et du Kenya. Quel était le but desdites formations ?
Tout d’abord, merci pour l’opportunité que vous m’offrez ce jour pour parler de nos activités. Le but de ces deux rencontres était de renforcer les capacités des membres des organisations de la société civile, ceux-là qui travaillent déjà sur le terrain sur les questions de la paix et aussi sur l’employabilité des jeunes. Vous êtes sans ignorer qu’une paix physique n’est pas une paix morale. Il était donc important pour nous de rassembler toutes ses personnes en commençant par Yaoundé pour les encourager dans ce qu’ils font déjà et aussi leurs présenter d’autres techniques et outils à utiliser dans le cadre de leur travail sur le terrain. Les participants de Yaoundé, en majorité des jeunes, sont venus de 7 régions du Cameroun pour nous parler des réalités vécues sur le terrain dans leur région respective. En retour, nous leurs avons proposé notre guide pratique pour lutter contre les discours haineux online et offline.
A Douala, il était question de voir comment nous, en tant que Defyhatenow, de voir comment on pouvait accompagner des individus, les pouvoirs publics et les organisations de la société civile qui existent au Cameroun qui s’intéressent au quotidien sur la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Pourquoi le choix de Douala et non d’une autre ville ? Le choix de Douala est dû au fait que c’est l’une des villes qui a le plus subit les conséquences de cette crise dite anglophone. On enregistre beaucoup de déplacés internes qui sont arrivés avec peu ou pas d’expérience pour trouver un travail. Des personnes qui rencontrent aussi des difficultés pour s’intégrer à cause de cette barrière linguistique. Cette rencontre de Douala permettait d’essayer de recenser et de comprendre le vécue quotidien de ses déplacés. Afin de les [participants, Ndlr] guider et les aider à trouver des solutions dans la pléthore d’activités qui peut être mené sur le terrain pour accompagner non seulement les déplacés internes mais aussi ses jeunes qui flânent à longueur de journées dans les quartiers parce qu’ils n’ont pas un travail fixe. Il faut trouver des moyens pour aider ses jeunes qui ont souvent l’envie de faire quelque chose mais ne savent pas où commencer. C’est la raison pour laquelle on a invité, au-delà de la société civile, des maries et des responsables des délégations départementales de la jeunesse.
Au terme de ces rencontres, pourrons-nous espérer voir se réaliser sur le terrain quelques projets sur lesquels vous avez eu à discuter ici pour aider ses jeunes à sortir de la pauvreté ou à avoir un emploi ?
Bien évidemment. Une rencontre comme celle-ci qui n’aboutit pas à une action concrète sur le terrain ne sert à rien. On va s’atteler à la réalisation sur le terrain. A Yaoundé, tous les participants ont reçu nos guides pratiques qu’ils utiliseront dans leur différente ville pour lutter contre les discours haineux, la désinformation et les fausses nouvelles. Aussi, pour venir en aide à ses jeunes dont-on évoquait précédemment. On a aussi des miligrans qui sont parfois des soutiens financiers et logistiques qui accompagnent ces actions. Si les personnes qui étaient ou non à Yaoundé avec nous mènent des activités qui cadrent avec nos actions, nous sommes prêts à les soutenir.
La rencontre de Douala est encore plus intéressante parce qu’elle se solde par la création de ce qu’on appelle les « Peace pyramical cases ». Ce sont des espaces de construction de paix physique, psychologique, sociale, économique, et autres. Ses centres seront créés à Buea, Bamenda, Douala, Yaoundé et Maroua pour la phase pilote. Dans ses centres dont-on aura plusieurs dans chaque ville, on travaillera sur les questions de l’environnement, l’employabilité des jeunes, l’art, le sport… qui pourront contribuer au retour et/ou à la pérennisation de la paix. Une manière pour nous d’aider les jeunes à construire leur avenir.
Vous avez parlé tout à l’heure de la lutte contre les discours haineux, la désinformation et les fausses nouvelles. On sait que c’est l’un de votre cheval de bataille depuis près de deux ans. Si on devait faire un bilan en cet aube de 2021, que retenir ?
On fait de petits pas chaque jour et on avance surement. Je vais vous prendre un cas palpable. Il y a de cela 4 mois comme une dame a publié une vidéo sur les réseaux sociaux et on nous a réveillé à 3H du matin pour nous informer de cette publication. Avant même de contacter la personne ou de signaler auprès des autorités compétentes, cette vidéo avait déjà été signalée et retirée de la plateforme Facebook. En essayant de comprendre comment cette action de suppression a été rapide, on s’est rendue compte que le travail que nous menons au quotidien porte des fruits parce qu’il y a des personnes qui se sont constituées en relai communautaire pour réagir quand de telles vidéos inappropriées sont publiées en ligne. Je ne dirai pas que notre travail est difficile mais on avance et les fruits de ce combat contre les fake news, la désinformation et les discours de haine sont de plus en plus palpables sur le terrain, même si on sait que les habitudes ont la peau dure. Dans ce combat, on ne peut pas oublier le rôle majeur que jouent les médias et la société civile pour nous accompagner. On avance lentement mais surement. Et on croit fermement que d’ici la fin de 2021, on atteindra un niveau réduit et acceptable de la diffusion des fausses informations et des discours de haine sur les réseaux sociaux et en dehors au Cameroun.
Pour finir, qu’est-ce qui est prévu en 2021 pour continuer cette bataille afin de réduire considérablement ses discours de haine et fausses informations en ligne ?
En 2021, Defyhatenow va se positionner comme un organisme qui continue de renforcer les capacités des jeunes pour cette bataille contre les fake news, les discours de haine et la désinformation. On va aussi aider les jeunes et aussi les décideurs politiques à mener de nombreuses actions dans la promotion de la paix au Cameroun. Donc, les décideurs politiques (conseillers régionaux, les conseillers municipaux, les députés, les sénateurs, etc.) doivent être impliqués dans ce combat si non, rien ne changera. On va continuer à travailler pour que le maximum de personnes sache apprécier ou non un discours haineux, et mesurer l’impact négatif que celui-ci peut avoir sur sa communauté ou sur une autre.
Merci Desmond pour votre disponibilité…
Merci à vous pour cette opportunité.
Entretien réalisé par : Frank William Batchou
Keep doing great work in fighting this destructive and wild spreading virus called fake news.