Entre rites, traditions et sagesse

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Traditionalistes et modernistes « chrétiens » se disputent la vedette et le mérite du Dieu qui habite à Bangoulap. Le tout, dans un savant mélange de racontages entre Dschang, Bangoulap, Douala, Foumbot et Bazou.

Ce livre, on l’aime tout de suite. « Dieu habite à Bangoulap » raconte avec finesse les gens, leur mode de vie, la « stérilité » de la femme, les combats de femmes libre, l’amour, les secrets… Et aussi, cette « guerre froide » entre la religion moderne en quête d’âme à convertir et les traditions ancestrales africaines à pérenniser. Ce que l’on appelle signe astrologique, l’autre l’appelle Totem. Entre Dieu et les hommes, il y a Jésus et Takounga ; il y a la Bible et « Prends ta plume et écris », ce livre à publier de Latré. A Bangoulap, Dieu s’est incarné en Takounga qui aime, conseille et guérit les hommes. C’est pourquoi, on reconnaît que des « Menntun comme Takounga n’ont plus besoin de passer par la Forêt sacrée parce qu’il a atteint Ntongni de leur vivant », rapporte Taleun. Tout comme, poursuit-il, « Un Menntun comme Jésus ne peut pas mourir sur la croix. Le fà ne peut avoir aucun effet sur un homme qui a atteint l’équilibre et est devenu un véritable Ntongni ».

Dans cette opposition entre modernité et tradition, « Dieu habite à Bangoulap » met en exergue certains aspects cachés de la tradition comme le Zouh, la grande danse sacrée, à Bazou et même des séances de délivrances dans la case des crânes chez Latré. Une véritable révolution éducationnelle pour la jeune génération en perte de repères. A travers des actions de bonté reposant sur les conseils ancestraux, l’on comprend que le cœur est un miroir dans lequel le ciel (auquel nous aspirons de rejoindre après la mort) se mire. Et le temps est arrivé où l’on n’a plus besoin de fausses traductions (de la Bible) pour endormir les consciences.

Lire aussi : Cruel destin… Barbara !

Inscrit dans la lignée de « Dieu n’a pas besoin de ce mensonge » et « Les femmes mariées mangent déjà le gésier », ce livre de Marcel Kemadjou Njanke a aussi cette particularité d’enseigner, avec subtilité au lecteur, la langue Medumba ; de taquiner l’humour, d’édulcorer la gravité. Cet autre ouvrage se dévoile sous un français accessible à tous. Seul petit souci, le texte un peu touffu. On espère une amélioration dans les prochains racontages.

Frank William Batchou

Marcel Kemadjou Njanke, « Dieu habite à Bangoulap », Douala, Editions Livre ouvert, juillet 2016, 250 pages

 

 

7 commentaires sur « Entre rites, traditions et sagesse »

    1. Pas de version numérique mise en ligne jusqu’ici mais les coûts ont baissé. 3000F c’est abordable non @Arnold 😄 ?
      Info de l’auteur

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