Voici venu le temps des mutations
L’heure est à l’action. Et quand les plus jeunes s’y mêlent, avec engagement et détermination, les résultats sont palpables sur le terrain.
Le titre seul est une réflexion. Politiquement, il serait un appel à un changement immédiat et radical des disfonctionnements sociaux. Les principales victimes étant le (pauvre) bas peuple. Sous un aspect sociologique et culturel, on se croirait en plein dans une fiction de conflit intergénérationnel, un choc des âges. Lequel met à nu des pratiques anciennes peu orthodoxes à bannir. Puisque le temps évolu. C’est donc une continuité des combats interminables enclenchés dans les romans de Seydou Badian ou dans « Le monde s’effondre » de l’écrivain nigérian Chinua Achebe. « Le temps des mutations » suit donc le chemin balisé par ces grands classiques africains au succès retentissant. Ce roman est, à tout point de vue, un long souvenir relaté par Séraphin Assonguo, son auteur. Une trépidante évocation des souvenirs de son voyage dans la partie sud-Cameroun. Il parle ici en connaissance de cause pour avoir été enseignant de français dans cette partie du pays précisément au Lycée de Bipindi. Après le C.E.S de Makouré et avant le Lycée de Ntui.
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« Le temps des mutations » s’inscrit dans une logique de roman engagé et dénonciateur. Son cheval de bataille est la misère physique et morale des populations de Malaba, un petit village situé dans les profondeurs de la forêt équatoriale du Sud. Un village où, il faut s’armer de courage et de patience pour s’y rendre. Minimum deux jours de route à cause des bourbiers gigantesques sur le tronçon. La lumière et les denrées de premières nécessités sont un luxe insolent. Pourtant, Malaba regorge de nombreux fils dans le gouvernement et propriétaires de nombreux villas et comptes bancaires en ville. Mais pas au village. Ce que l’écrivain camerounais Charles Ateba Eyene a appelé « Le paradoxe du pays organisateur ».
L’heure est à l’action
Un changement s’impose. Son instigateur sera Olivier Noutsa. Un jeune ressortissant de la région de l’Ouest qui, dans sa quête absolue du travail, se retrouve à Malaba. Sa désillusionné est à la hauteur ses espoirs. Fort heureusement, sous les conseils d’un père bienheureux, Olivier Noutsa retourne sur les bancs. Durant cette année scolaire, il subit les tristes réalités de la région. Lesquelles n’ont rien à voir avec celles vécues par le passé dans sa région natale. Des situations qui le révoltent. En compagnie de ses compagnons de misère appelés « Apôtres », l’heure est (désormais) à l’action. Mais, c’est sans compter sur l’inertie, l’égocentrisme, les détournements de deniers publics, les pratiques de corruption et d’arnaque enracinés dans les structures étatiques et entretenus par la vieille garde. Le rude combat tourne en émeute sociale. Tel le phénomène du vent d’Est et celui des villes-mortes au Cameroun dans les années 1990. Olivier Noutsa devient un élément à abattre. Et malgré son emprisonnement, ses idées finissent par triompher. Les comportements sociaux changent et Malaba devient une cité industrielle. Un rêve !
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La description des faits est particulière. Elle donne à voir comme si on y était physiquement. « Le temps des mutation », publié en 2012 aux éditions L’Harmattan, est une œuvre de Séraphin Assonguo. Ce dernier est aujourd’hui chargé d’étude assistant au ministère des Enseignements secondaires. Par ailleurs, il prépare une thèse de doctorat à l’Université de Yaoundé I. Bonne lecture !
Frank William BATCHOU